le: 16 septembre 2011 à 17:52:09 »
De nationalité française, monsieur Simonin est né le 17 décembre 1968 à Sellières, dans le Jura.
Il était la saison dernière le préparateur physique de l'AS Eupen.
Philippe Simonin a joué en Division IV à Tavaux et a été sélectionnné en Franche-Comté. Il est devenu champion de France de musculation en 1995 et a obtenu le brevet d'Etat 1 et 2 de culture physique et culturisme ainsi que le D.U. de physio-pathologie de la Fac de Nice avant de devenir formateur au CREPS d'Ajaccio. Il intègre alors l'AC Ajaccio (D2), il officia également comme préparateur physique à Metz et pour l'équipe nationale du Togo.Phillipe Simonin exerça son métier en compagnie de l'entraineur Albert Cartier ( Entraineur principal ) sous les couleurs de l'A.S.Eupen ( D2 : Belgique ). Son dernier club employeur était le Sporting de Charleroi depuis le mois de Juin 2011. Question n°1: Philippe, comment es-tu venu à la préparation physique ? Peux-tu nous raconter brièvement ton parcours ?
Je suis venu naturellement à la préparation physique car cette discipline s’est retrouvée au carrefour de mes deux passions. Le football tout d’abord qui a rythmé toute ma jeunesse. J’ai suivi la filière sport études à Tavaux en premier cycle puis à Strasbourg, ce qui m’a permis d’évoluer jusqu’à la sélection de Franche-Comté. La musculation ensuite et plus exactement le Culturisme qui m’a conduit au Championnat de France que j’ai gagné en 1995. Je suis intervenu en 1997 au Creps d’Ajaccio comme Formateur en physiologie de l’effort et c’est à cette période que l’AC Ajaccio alors en National (Entraîneur B.GENTILI) cherchait un préparateur physique maîtrisant notamment les techniques de musculation. Le premier pas était fait. La montée en Ligue 2 avec Ajaccio puis un contrat en ligue 1 avec le FC METZ (Entraîneur A.CARTIER), le Stade de Reims (Entraîneur T.FROGER), et pour finir plus récemment la Sélection Nationale du TOGO (Sélectionneur H. VELUD). Coté formation, je possède un BEAECPC (culture physique et Culturisme), un DU de Physiopathologie du Sport (Faculté de Médecine de Nice), et un Master STAPS (Optimisation et organisation de la Performance). -Peux-tu nous faire part de ton expérience avec la sélection du Togo. Le mois de Préparation pour la CAN ANGOLA 2010 avec les Eperviers a été pour moi une expérience très enrichissante professionnellement d’une part car le travail avec une sélection est totalement différent de celui que nous conduisons en Club tant sur le plan de la programmation que sur celui de l’organisation (cela est due principalement à l’hétérogénéité du niveau physique des joueurs sélectionnés) et je dirais que l’attentat dont nous avons été victime a fait de cette expérience une aventure humaine très singulière où nous avons en l’espace d’une seconde côtoyé l’horreur et à la suite de laquelle les liens tissés entre les individus qui étaient sur place sont devenus forts et inaltérables. La découverte de ce continent stupéfiant a constitué pour moi une ouverture au monde et à l’autre qui a sans aucun doute bouleversé ma vie.
Question n°2: Quelles sont pour toi les personnes qui ont le plus marqué l’évolution de la discipline ? As-tu quelques références à ce niveau ? Je pense ne pas faire preuve d’une grande originalité en disant que Gilles Cometti à travers ses ouvrages et ses conférences a contribué à faire avancer la discipline en lui conférant des bases scientifiques reconnues par le monde du football. Il faut aussi noté que ces éclairages ont d’abord été perçu comme importants en Italie avant d’être reconnu en France, mais nul n’est prophète en son pays. Pour ma part, je dirais que Roger PROPOS (OM,PSG,Sélection du Maroc, FULHAM,…) qui s’est toujours battu pour la reconnaissance de la fonction de préparateur physique m’a servi d’exemple car il a toujours partagé ses connaissances sans crainte dans un milieu pas toujours très ouvert et s’est battu auprès de toutes les instances pour faire évoluer notre statut. Mon parcours étant assez atypique, je ne peux pas me réclamer de tel ou tel courant, si ce n’est celui des hommes de terrains qui malgré une formation et des bases scientifiques permettant d’objectiver un certain nombre de facteurs n’oublient pas pour autant que nous travaillons sur des « êtres humains » qui ont un cœur, des sentiments, et qu’il ne faut pas perdre de vue que ce ne sont pas des machines. Question n°3: Quelles sont pour toi les qualités premières d’un préparateur physique ?
Je pense que le préparateur physique doit avoir en sa possession : - Une capacité organisationnelle importante - Une grande qualité d’écoute et de remise en question . - Un certain charisme de nature à mobiliser les énergies et à développer le goût de l’effort. - Une vision éclairée de sa place dans le staff (il ne doit pas oublier qu’il travaille par l’entraîneur et pour l’entraîneur.) Un autre aspect de la profession qui m’est plus personnel car il correspond à ma façon de fonctionner résulte dans la fidélité envers l’entraîneur qui lui a permis de venir dans le club. Je pense mais cela ne n’engage que moi que pour avoir le respect des hommes, nous devons déjà avoir le respect de nous mêmes et les petites trahisons auxquelles nous assistons au sein des staffs de saison en saison sont pour moi autant d’événements de nature à développer une méfiance interindividuels qui à plus ou moins longues échéances conduisent les individus à avoir des stratégies personnelles au bout du compte néfastes au collectif indispensables à toutes les réussites. Question n°4: Brièvement, comment conçois-tu la mise en place d’un projet de préparation physique avec un athlète ou une équipe ? Peux-tu nous dévoiler tes grands principes de travail ? Tout d’abord je crois que l’émergence d’un projet de préparation physique avec une équipe résulte d’échanges avec l’entraîneur général qui nous donne le « la », c’est-à-dire sa manière de faire évoluer son équipe, tactiquement tout d’abord, puis il nous fait par des objectifs du club par rapport à la saison. Ces échanges constitue pour nous un système de contraintes (comment doivent être physiquement mes joueurs pour évoluer comme le veux le coach), ensuite nous devons évaluer les joueurs de l’équipe, cela constitue pour nous un système de ressources (comment ils sont aujourd’hui), du niveau de conflit perçu entre ce qu’ils doivent être et ce qu’ils sont physiquement se dégage le chemin à parcourir et ensuite seulement et en fonction du matériel dont je dispose, je mets en place des stratégies tant dans le domaine énergétique, que musculaire. Notre travail doit prendre en compte les séances effectuées sur le groupe par le coach ou l’adjoint car même si leur objectif n’est pas directement physique, elles ont un coût énergétique qui peut soit être complémentaire soit parfois venir à l’encontre de notre démarche. Une nécessaire harmonisation est vitale pour que l’objectif soit atteint. Si je prends l’entraînement dans son ensemble et que je le compare à une partition de piano, le préparateur physique effectue la clé de « Fa » de la partition (main gauche du pianiste), l’adjoint la clé de « sol » (main droite du pianiste), le Coach étant, bien entendu, à l’origine de la partition et le Chef d’orchestre pendant l’exécution de celle-ci. L’ensemble donnant la mélodie harmonieuse. Notre rôle réside dans l’élaboration en concertation avec les techniciens de notre partie du travail et lors de la conduite de l’ensemble par les nécessaires ajustements découlant des résultats obtenus et des effets constatés. Question n°5 : Es-tu plutôt un préparateur « empirique », qui base son travail sur son expérience, sur la comparaison des situations, ou au contraire, es-tu quelqu’un de « scientifique », qui aime « quantifier », et maîtriser le maximum de paramètres chez un sportif ?
Je dirais que mon parcours atypique fait d’ allers-retours pratique/théorie (licence après mon poste au FC METZ, Master après 3 années au STADE DE REIMS) fait de moi un mélange des deux car si je possède les outils « scientifiques » permettant d’objectiver certains paramètres et de justifier ma démarche par un apport scientifique, je n’oublie pas que mon parcours a été jalonné par des événements et des rencontres avec des joueurs atypiques qui m’ont fait prendre conscience que les facteurs humains étaient parfois déterminants là ou le préparateur physique ne voulait voir que de la science. Je m’efforce d’avoir toujours une démarche cohérente et par les relations humaines qui sont pour moi l’essentiel d’obtenir l’adhésion des joueurs. Question n°6: Comment imagines-tu l’avenir de la P.Physique et celui du métier de préparateur physique? Dans quels domaines la discipline peut-elle encore progresser ?
Je pense que l’avenir du métier est assuré car la plupart des disciplines sportives ont conscience qu’une préparation physique de qualité est à la base de toute réussite, et même si dans la plupart des disciplines les facteurs techniques sont prépondérants ils ne peuvent donner leurs pleines mesures que s’ils s’appuient sur une bonne préparation physique. Je pense que l’avenir réside toutefois dans l’exploration des facteurs mentaux car j’ai coutume de dire que « tout est esprit » et chaque semaine nous pouvons remarquer l’impact du mental sur le physique lorsqu’une équipe marque, elle paraît comme boostée et au contraire, une équipe qui vient d’encaisser un but apparaît comme amoindrie physiquement. Rendre l’esprit plus fort, c’est à mon sens avoir une capacité d’optimiser encore le physique au niveau individuel mais aussi au niveau de l’équipe. Interview disponible sur le site physiperf.fr